Ocha ou Chanoyu

Publié le par Charlotte

La cérémonie du thé.

Un art japonais dont beaucoup ont entendu parler, mais dont peu connaissent les détails. Nous avons eu l'opportunité d'assister à  une cérémonie du thé, en présence d'un professeur. C'était d'ailleurs un cours, car même les invités se doivent de respecter scrupuleusement un protocole, ce que nous avons donc dû apprendre.

Avant d'entrer dans les détails, je voudrais juste préciser qu'il existe différentes écoles, et donc plusieurs variations possibles. Par ailleurs, plusieurs types de cérémonies du thé existent, selon l'endroit où elles se pratiquent, les invités qui y participent, etc. Il y a également une graduation dans la formalité des gestes observés. La cérémonie à laquelle nous avons assisté, et que je vais donc vous décrire, est une des moins formelles, mais une des plus courantes et des plus appréciées.

Avant la cérémonie du thé

Le chanoyu a lieu dans une "washitsu", une salle traditionnelle japonaise, c'est-à-dire dont le sol est recouvert de tatamis.

 Il est possible que cette salle soit à part du reste de la maison, dans un pavillon. Dans ce cas-là, avant la cérémonie, les invités doivent s'asseoir dans le jardin, admirer son agencement, puis se déplacer, dans l'ordre (invité principale, deuxième, troisième, etc.), pour faire plusieurs choses. La première, c'est aller saluer l'hôte. L'hôte s'avance vers eux, et vice-versa ; ils se saluent mutuellement, puis font chacun demi-tour : l'hôte (presque toujours une hôtesse) retourne dans la salle de thé, tandis que les invités retournent dans le jardin pour se purifier auprès d'un petit bassin de pierre rempli d'eau. Ensuite, ils se dirigent tous en ordre vers la salle de thé.

Seiza

Seiza est une forme de masochisme qui désigne la position assise sur ses talons. C'est une position très connue, mais peu savent à quel point elle est douloureuse. Dans cette position, il faut que le dessus des pieds soit entièrement posé sur le sol. Pas un seul occidental n'a pu tenir jusqu'à la fin de la cérémonie dans cette position.

Or, elle est primordiale. Non seulement la cérémonie (qui dure au moins une heure, pour les plus courtes) recquiert cette position tout du long, mais en plus, les invités et surtout l'hôte doivent régulièrement se lever et se rasseoir. Pour l'homme, ça va, mais imaginez une femme en kimono, puis essayez de vous lever et de vous asseoir dans cette position en sachant que vous ne pouvez pas lever le genou... et bien sûr pas perdre l'équilibre !

L'invité

En entrant dans la salle de thé, le premier invité doit ôter ses chaussures, se mettre en position Seiza à l'entrée de la pièce, pivoter sur lui-même dans cette position, ranger ses chaussures comme il se doit (posées contre le mur s'il s'agit d'un pavillon, tournées vers lui de façon à ce qu'il puisse les remettre facilement au retour, s'il s'agit d'une pièce faisant partie d'une maison).

La salle est constituée de plusieurs éléments : un trou, dans le sol, chauffe en permanence une sorte de bouilloire remplie d'eau. Souvent, un parchemin de calligraphie au mur, et/ou un arrangement floral Ikebana. Enfin, le meuble servant à poser les différents ustensiles, qui seront apportés ultérieurement par l'hôtesse.

L'invité, en entrant, salue d'abord la pièce dans son ensemble. Puis, il se relève, se dirige vers l'arrangement mural et/ou floral, se rasseoit, salue à nouveau. Si l'arrangement floral est à un endroit différent, il doit bien sûr recommencer pour le saluer. Puis, il recommence pour le petit meuble, en faisant attention de bien contourner le pot qui chauffe. Enfin, il pivote sur lui-même en position seiza pour saluer le fameux petit pot. Enfin, il se relève pour se rasseoir à la place qui est la sienne pour le reste de la cérémonie. A ce moment là seulement, le deuxième invité peut entrer.

Il s'agit bien sûr de montrer qu'on est sensible et qu'on apprécie le raffinement de l'endroit. Par ailleurs, car cela permet de "s'ouvrir" à la sérénité, de se mettre en condition pour apprécier pleinement la cérémonie. C'est en ce sens que ces salutations sont parties intégrantes du déroulement de chanoyu.

L'hôtesse

L'hôtesse, vêtue d'un kimono, entre une fois que les invités sont tous assis. Elle ouvre une porte dans la pièce, prend un bol, se lève, se rassoit, pose le bol sur le petit meuble, se relève, se rasseoit, prend un autre ustensile, se relève, et ainsi de suite. Elle fait ainsi un nombre inimaginables d'allers-retours en s'asseyant dès qu'elle a fini son déplacement. Ce qui, avouons-le, rend parfaitement ridicule quand on est comme moi un rustre occidental^^ (d'où l'importance de s'imprégner d'esprit zen). Surtout que se relever sans cesse, dans son kimono, est un vrai exercice technique !

Le déroulement de la cérémonie

Une fois que tout est en place, des pâtisseries sont servies aux invités. Elles sont là pour éveiller leur goût afin de bien savourer le thé. Ils sont fait de pâte très sucrée.

Les invités sortent alors un petit morceau de papier plié de leur kimono (pressé dans l'encolure), le pose à plat devant eux, se servent chacun leur tour d'une petite pâtisserie (il y en a toujours exactement le bon nombre), en n'oubliant pas de saluer chaque fois qu'ils passent le plat.

Salut : pour saluer, notamment la personne à côté de soi, on pose toujours les mains devant soi, en faisant attention de ne pas les poser sur un bord de tatami, et on ne tourne que la tête vers la persone.

Pendant ce temps, l'hôtesse prépare le premier bol. Elle sort d'abord une sorte de foulard coloré, qu'elle plie savamment, selon un geste méthodique et précis, élégant, d'ailleurs, pour nettoyer la spatule qui sert à prendre le thé en poudre. Je vais arrêter là de décrire chaque geste, c'est impossible, il y a trop de détails. Elle verse donc l'eau chaude dans le thé en poudre, agite vigoureusement avec un "fouet", et le thé est prêt. Le premier invité va le chercher (debout, assis, debout, assis), et l'hôtesse prépare le second bol. Vous n'imaginez pas la foule de détails indispensables que j'omets.

Avant de boire

La personne qui a son bol prêt, le pose d'abord entre elle et la personne qui a bu avant elle :

(en saluant) "Désirez-vous un autre bol ?"

"Non, merci" (le tout en langage très très poli, que donc je ne connais pas)

Puis, elle le pose entre elle et la personne qui n'a pas encore bu, à sa gauche :

(en saluant) "Cela ne vous dérange pas si je bois avant vous ?"

On pose alors le bol devant soi, on le prend dans ses mains (c'est trééééés chaud), on le fait pivoter deux fois vers soi, de gauche à droite, on le boit, on le fait pivoter deux fois dans l'autre sens, on le repose.

C'est la personne qui viendra chercher son bol après qui ramènera votre bol. Rien que l'échange de bols obéit à une procédure établie...

Je me rends compte que cet article est très long et très descriptif, j'espère que sa lecture n'a pas été trop ennuyeuse. J'ai essayé de limiter les détails, et j'ai omis volontairement un certains nombre de choses, donc si vous avez des questions particulières, n'hésitez pas !

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C
Bonjour je vois que vous êtes toujours au Japon mon rêve je suis vraiment fan!!!! La vie est dure là bas? Chère? bon séjour
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D
Wouaaaah ! la position seiza me paraitrait compliquée dès le début. En te regardant sur la photo, j'ai l'image de bobby s'entrainant à cette position après avoir avalé son plat d'algues. Me trompé-je ?
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J
Est ce que les buveurs de thé se parlent? Ou s'imprègnent ils simplement de la sérénité des lieux et de leur hôtesse?
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C
C'est une bonne question. En fait, à part les formules de politesse, ils ne parlent quasiment pas. Cependant, la conversation n'est pas interdite. Les sujets de conversations autorisés sont pourtant limités : les invités ne parlent que de la beauté des lieux, ou de la beauté du jardin, ou de tout ce qui peut être agréable dans l'environnement. Tout le reste doit être laissé en dehors de la salle de thé (les soucis, les problèmes extérieurs comme la politique, etc.)
C
Mes copine et moi ce soir avons décidé d'instaurer la cérémonie au chardonnay. Nous avons choisi de nous vetir avec des habits colorés moulants et de suivre un rituel équivalent à celui décrit dans cet article. Mes amies ont attendu dans le couloir en admirant les fleurs du papier peint que je vienne les saluer. Puis la plus ancienne est entrée, à salué le buffet, le canapé et ma télé avant de s'assoir en tailleur sur mon tapis ikéa. Les autres ont fait chacune après l'autre le même rituel. L'ambiance était très zen. Je me suis assise en tailleur, puis relevé sans les mains pour aller chercher la bouteille dans la cuisine. Puis me suis rassise, puis relevée sans les mains pour servir la première et ainsi de suite. Je suis heureuse que ma jupe n'ait pas craqué! <br /> A la fin nous saluions les pieds de chaise avec ostentation. Mais cela n'était plus très volontaire....
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